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Joe Haldeman, lorsque vous avez commencé "La Guerre Eternelle", avez-vous pensé un jour en écrire la suite ? Haldeman : Non, pas du tout, je n'y ai pas pensé à ce moment-là. Qu'est-ce qui vous a poussé à le faire ? Haldeman : Un ami à moi m'a demandé de participer à une anthologie composée d'histoires courtes de science-fiction basées sur des romans célèbres. J'ai commencé à écrire pour lui. Mais après une trentaine de pages, cela a pris la forme d'un nouveau roman. Je l'ai appelé et je lui ai demandé si cela ne le dérangeait pas trop si j'en faisais un vrai roman. Il m'a expliqué que cela lui était égal mais qu'il fallait prendre en compte que si l'histoire paraissait dans l'anthologie, il fallait attendre trois ans avant qu'elle puisse sortir en roman. C'est un schéma de publication propre aux Etats-Unis, il y a des lois plutôt strictes dans l'édition. Alors, j'ai écrit ce fameux roman, qui est devenu "Libre à jamais" et j'ai aussi écrit une nouvelle plus courte pour cette anthologie. Cette nouvelle, c'est "Une autre guerre", on l'a utilisée comme premier tome pour la nouvelle trilogie. Il s'agit en fait d'un troisième morceau, d'un lien entre les deux livres. Haldeman : Oui, c'est vraiment une nouvelle qui fait le lien entre "La Guerre éternelle" et "Libre à jamais". Votre préoccupation principale sur "La Guerre Eternelle" était de transposer votre expérience du Vietnam dans la science-fiction ? Haldeman : Oui. Dans cette nouvelle trilogie, avez-vous voulu mettre de votre propre personne, de votre propre expérience ? Y a-t-il des thèmes dans cette histoire qui proviennent des années qui ont suivi l'expérience au Vietnam ? Haldeman : Oui, la thématique est la suivante : comment vivre avec sa mémoire, avec son passé, comment avoir été un soldat de combat et ne plus l'être maintenant ? Les personnages centraux féminin et masculin sont dans la même situation, car ils sont tous les deux des anciens soldats de combat, ce que je trouvais intéressant ! On va les retrouver vingt ans plus tard, avec des enfants, dans un monde tout différent de celui qu'ils ont connu. Marvano, pourquoi avoir eu envie de transposer et "La Guerre Eternelle" et "Libre à jamais" en bande dessinée. Marvano : Quand j'ai lu "La Guerre Eternelle", je me suis dit que c'était un des meilleurs livres que j'avais jamais lus. Au moment où je me suis décidé à le transposer en BD, je me suis trouvé devant un choix. Il n'y avait pas cent possibilités. Soit il fallait solliciter un scénariste, mais les bons scénaristes n'ont pas tendance à démarrer avec des petits jeunes, enfin, "jeunes dans le métier", je veux dire. Quant aux mauvais scénaristes, ils ne m'intéressaient pas ! L'autre solution - et je m'en sentais capable - c'était d'adapter moi-même l'histoire en bande dessinée. Je connaissais déjà un peu Joe à cette époque-là, j'avais tellement aimé le roman, je me suis dit "On va voir si on peut faire ça !". Evidemment, quand j'ai vu la suite de "La Guerre Eternelle", je ne pouvais presque pas y échapper, il me fallait l'adapter aussi en bande dessinée. Je précise que quand je dis "suite", je mets ce mot entre guillemets, car il ne s'agit pas à proprement parler d'une suite. Les deux histoires ont leur vie propre, indépendamment l'une de l'autre. Il n'y aura que trois albums, comme dans "La Guerre Eternelle" ou vous allez vers une longue série ? Marvano : Non, non. Ce sera à nouveau une trilogie. L'univers de Joe Haldeman n'est pas du tout le vôtre, vous n'avez évidemment pas combattu au Vietnam ? Marvano : Non. Mais vous comprenez parfaitement son univers ? Qu'est-ce qui fait qu'il y a tant de complicité entre vous ? Marvano : Aucune idée ! Nos expériences ont été complètement différentes. Lui, il a grandi aux Etats-Unis et moi, en Europe. Ce que nous avons en commun n'est pas visible de prime abord. Mais on se comprend ! J'ai envie de dire, c'est une question de peau, comme on dit de deux amants… même si ce n'est absolument pas notre cas ! Haldeman : Nous sommes tous les deux plutôt des gentils, c'est vrai qu'on s'est bien aimé à partir du moment où l'on s'est vu. Marvano : La première fois que j'ai rencontré Joe, on a passé la nuit à bavarder et à boire. Le matin, on a été voir si le bar de l'hôtel était déjà ouvert mais il ne l'était pas à 6 heure du matin ! L'amitié est une chose importante, on ne gaspille pas les amis. Quand on a un ami, il faut tout faire pour le garder. La BD belge ou franco-belge est relativement différente de la bande dessinée américaine. Rien à voir avec l'idée du comics. Comment avez-vous convaincu Joe Haldeman que son roman était transposable en bande dessinée ? Marvano : Je n'ai pas dû le convaincre. A l'époque, j'avais fait quelques planches d'essais, 4 ou 5, je ne m'en souviens plus. Je les ai montrées à Joe, il a tout de suite aimé et il a dit : "vas-y", deux semaines après, par l'intermédiaire de son agent. Ils m'ont fait savoir que je pouvais essayer de le vendre à des éditeurs européens. Donc, je n'ai pas eu de mal à le convaincre ! Il était étonné de ce qu'on pouvait faire en bande dessinée en Belgique ou en France par rapport à ce qu'il connaissait ? Marvano : Il était surpris de la quantité d'informations qu'il y a là-dedans. Les études de personnages, la minutie, ce sont des choses qui manquent dans la BD américaine et pour lui, c'était étonnant de voir qu'on pouvait travailler comme ça. Haldeman : Marvano a su conserver l'essence du roman, non seulement dans la traduction en français, mais aussi dans sa transposition dans un autre genre. Ok, merci à tous les deux. Interview réalisée
par Thierry Bellefroid Images Copyrights © Haldeman & Marvano - Editions Dargaud 2002 |
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