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![]() Servain : Il n'y a pas de chose en particulier. C'est sur le moment. Il y a des tas de cases que je change parce que je n'arrive pas à les faire, parce qu'au moment où je les dessine, je n'y arrive pas, c'est ponctuel. Après, faire un personnage qui pause, ça en général on y arrive, c'est pas un problème. Certains auteurs qui utilisent la 3D prennent vraiment plaisir à montrer qu'ils utilisent la 3D. Toi, c'est plutôt l'inverse. On a l'impression que l'idée, c'est de faire totalement oublier le travail de l'ordinateur et dire : je suis un dessinateur de bandes dessinées Servain : Je n'aime pas particulièrement
le rendu 3D, sauf quand il est animé, parce que là, c'est le mouvement
qui prend le dessus, c'est-à-dire, si tu prends un film, Toy Story par
exemple, l'image arrêtée n'est pas spécialement belle, en fait. C'est
bien rendu, il y a de jolies lumières, mais ce qui est vraiment agréable,
c'est l'animation, c'est la dégaine qu'ils donnent quand le personnage
bouge. Au départ, tes crayonnés sont très précis, ou …
…D'avoir un encrage qui est presque un premier trait. Servain : Oui, c'est ça, …qui se rapproche du premier croquis, ce qui donne un trait un petit peu pâteux, mais en même temps, qui, moi, me parle.
Le Tendre : Que ce soit les couleurs ou le dessin, c'est toujours un choix. Un choix, pourquoi ?
Le Tendre : C'est le fameux thème du Pygmalion (son prochain projet d'histoire). Oui, cela échappe, mais ça ne fuit pas. Ca échappe, mais c'est habité d'une autre façon, c'est-à-dire que, moi, j'apporte les intentions, j'essaie de les mettre en forme, avec un découpage, ensuite, le dessinateur va la faire vivre, cette histoire. Etant donné qu'on a cette collaboration en continu, je ne suis pas pris au dépourvu. Stéphane me demande de réagir aussi sur ses créations. Donc, je suis le projet de A jusqu'à Z. C'est un des plaisirs du métier de ne pas rester dans son coin et de ne pas se contenter d'envoyer le scénario au dessinateur, et de voir qu'un après, l'album est sorti. Non, cela n'aurait aucun intérêt. On fait oeuvre commune. Donc, on partage autant les plaisirs que les déceptions. Est-ce que ce projet est un des projets auxquels tu avais le plus envie de t'attaquer, puisqu'il traîne depuis de nombreuses années, et pourquoi celui-là te prenait-il tellement à coeur ?
Peut-être plus camouflées que visibles parce que c'est couvert de science fiction et … Le Tendre : Alors, ça, c'est aussi le principe de l'écriture d'un scénario, lorsqu'on n'y voit pas très clair après l'écriture sur les motivations, c'est d'avancer camouflé. L'histoire doit tenir le lecteur en haleine. Et puis, par la suite, s'il y a un temps de réflexion qui se dégage de cette lecture, des choses peuvent apparaître. Mais, dans notre narration, ce qui compte, c'est de passer d'une image à une autre, et puis, d'une page à une autre, et d'être pris dans une enquête, dans une recherche, en tout cas. Et j'attache beaucoup d'importance à ce qui n'est pas dit. Que ce soit dans les images silencieuses, là où le dessinateur intervient, où il raconte quelque chose, ou aussi parce que l'image fait abstraction d'une information, et que c'est le lecteur qui va prendre sur lui de remplir le vide. Le Tendre : Oui, bien sûr. Mais, quand on fait une histoire, qu'est-ce qu'on vise. Le grand public? On l'espère, bien entendu, cela fait plaisir, cela flatte l'ego et cela remplit le portefeuille. Mais, sur d'autres histoires, sur La Gloire d'Hera, par exemple, on a eu peu de retombées commerciales, mais on a eu certaines retombées de lecteurs qui étaient très vives. On s'est dit que là, il s'était passé quelque chose Oui, en termes journalistiques, je pense que c'était aussi relativement élogieux… Le Tendre : Oui, tout à fait. Comme quoi, un bon article, ne va pas forcément doper les ventes. C'est une belle leçon d'humilité.
Une émotion. Le Tendre : Je crois que tu commences à me connaître. Une énorme émotion (rires). J'ai l'impression que vous êtes un peu anxieux, tous les deux.
Servain : J'essaie de faire en sorte que les acteurs jouent. Comment faire vrai, quoi. Le Tendre : Oui, c'est ça. Servain : Cela ne veut pas dire dessiner réaliste. Le Tendre : Je ne pense pas qu'on est les seuls dans ce cas là. La plupart de nos confrères ont ce souci-là. Et je pense que c'est bien de le dire pour l'ensemble de la profession, en tout cas, pour ceux qui ont ce souci-là. Serge, Stéphane, un tout grand merci !
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